Honorer ce qui semble moins beau – 24ème semaine

Vingt-quatrième semaine d’une quête de l’Amour de Soi, d’une durée de neuf mois (40 semaines).

Cette vingt-quatrième semaine s’est organisée en grande partie autour de la dernière semaine de soccer récréatif de mon jeune guerrier et du tournoi qui clôturait la saison.

Parler de soccer dans un billet de déesse au sujet de l’amour de soi? Soyez patients. Je vous promet que ça a sa raison d’être et que je m’en vais vers quelque chose de pertinent avec ça! Mais pour que ça se tienne, je dois vous expliquer les circonstances. 🙂

Donc…  Cette année, fiston (qui a maintenant 12 ans) a été recruté par le coach de l’équipe locale qui l’avait vu jouer pour le plaisir et avait été en mesure d’observer que ce jeune guerrier serait un gros plus pour son équipe qui tirait de la patte. Fiston qui n’avait jamais fait partie d’une équipe avant cet été, s’est rapidement démarqué et est devenu un des joueurs clés. À travers ces neuf semaines, le soccer a pris sa place dans nos vies et a révélé des facettes de nous que nous ignorions.

Pour R ça a été comme joueur impliqué qui a fini la saison en s’inscrivant au camp de sélection de l’équipe compétitive de la région afin de satisfaire sa passion du sport et de nourrir son amour de la haute performance. Pour moi, ça a été de découvrir mon côté soccer-mom, dans ses beaux et moins beaux côtés…

J’ai adoré pouvoir être là pour mon jeune guerrier, les lifts, le linge (et l’enfant) qui sent le mort à la fin des pratiques et des parties, les souper tôt et planifiés en fonction de l’effort physique à venir, les massages de jambes aux huiles essentielles, l’homéopathie lors de blessures, les soirées assise inconfortablement sur les estrades à m’user les cordes vocales, et tout le reste. Surprenamment ça m’a fait un bien énorme de prendre soin de cet aspect yang de ma tribu, et par la force des choses de côtoyer plus souvent ce yang guerrier en moi.

Et c’est là où je voulais en venir. Ce côté warrior qui est sorti sans crier gare.

N’ayez crainte, je n’ai pas crié après les arbitres (j’avoue qu’il y a quelques occasion où ça m’a demandé une bonne dose de respirations pour ne pas le faire… mais j’ai réussi), je ne me suis pas mêlée de la job du coach (qui était parfait pour cette jeune tribue de 11-12 ans de calibres et de caractères très variés) et je n’ai pas étranglé de supporters d’une des équipes adverses lors du tournoi (ça, je vous jure que ça aurait pu arriver…). Je n’ai rien fait de tout ça mais, surement parce que c’était tellement important pour mon jeune guerrier, j’étais là à 110% et, tout comme lui, je n’étais pas là en mode récréatif…

Où est le rapport avec l’amour de soi dans tout ça? C’est le fait que j’ai honoré la soccer-mom au tempérament de viking en moi. Je ne pense pas avoir été déplacée. Mais chose certaine je sentais la puissance de ce feu en moi, je savais comment le doser et je me suis permise de l’exprimer, même auprès d’amies qui sont des soccer-mom pas mal plus smooth et paisibles. J’ai géré mes frustrations avec doigté et j’ai été là pour écouter mon jeune guerrier vider son trop plein après les parties, comprenant sa colère, acceptant son déversement de jugements et d’intolérances par rapport à ce qu’il voyait comme des manques dans son équipe. La beauté dans tout ça, et pour lui et pour moi, c’est que tout ça a cohabité avec plein de bienveillance envers les autres coéquipiers, même ceux qui étaient visiblement là que pour le récréatif de la chose.


Photo par Paul Sleet

Il y a des moments où je me suis demandée si je n’encourageais pas l’intolérance chez mon fils (et chez moi). Mais tout en dedans me soufflait que c’était parfait et que je remplissais mon rôle à merveille. Et vous savez quoi? Je pense que c’est effectivement ce qui est arrivé. Ce côté « moins beau » de moi, qui semblait être aux antipodes de ce qu’une maman zen est, a été important. Mes craintes sur l’influence que ça pouvait avoir sur ma progéniture se sont envolées lorsque le coach m’a partagé à quel point il était content que la saison lui ait fait connaître R, qu’il avait une belle personnalité, beaucoup d’éthique, de grandes qualités athlétiques et beaucoup de maturité et de respect pour ses jeunes co-équipiers. Wow! Pas besoin de vous dire que mon coeur de mère était fier! Mais c’est particulièrement le dernier point qui m’a confirmé que les périodes de ventilations post-match qui étaient à mille lieux de la communication non-violente avaient leur place et leur raison d’être. Que non seulement elles n’entraînaient pas fiston dans un côté dark mais qu’elles lui permettaient de retrouver un équilibre et de rester calme, présent et respectueux pour ses co-équipiers. Je dois rajouter que ces sessions de ventilation étaient suivies de feed-back de ma part, d’explication sur pourquoi je pensais que tel ou tel joueur agissait comme il le faisait, des remarques sur la beauté de donner son maximum même quand on a moins de facilité, de discussion sur l’impact du milieu familial, etc.

J’ai compris en fin de saison que ce que je pensais être une soccer-mom un peu trop intense avec ses rugissements intérieurs était plutôt un endroit où se rencontrait la warrior et la maman-louve en moi.  Et que cette alliance était là pour mon fils bien sûr, mais aussi pour tous ses co-équipiers, forts et moins forts, dont plusieurs que je connais depuis presqu’une décennie! Et je suis fière de cette puissance qui m’habite!

Sans savoir pourquoi, j’ai pris une photo lors de la fin de semaine du tournoi qui représente bien ce que mon coeur a expérimenté lors de cette saison de soccer. J’ai pris cette photo samedi après le souper, alors que toutes les parties étaient suspendues en attendant de voir si la pluie torrentielle se calmerait, nos joueurs se sont improvisés une partie simplement pour le plaisir. Alors que le ciel devenait de plus en plus menaçant, que les adultes étaient majoritairement à l’abris sous les tentes à se demander si on devrait remettre les parties au lendemain, une poignée de jeunes warriors se joignaient aux éléments sans se poser de question. Je les ai trouvé beaux et puissants. Sentant tellement cohabiter en eux enfance et force. Cette photo, même si elle est loin d’être parfaite, fut un cadeau.

La saison est donc officiellement terminée. J’y ai appris que s’aimer s’est parfois faire les choses différemment. Et, surtout, que s’aimer c’est permettre à toutes nos parties d’exister!  (Même si parfois ça veut dire que ma soeur de coeur change de place dans les estrades pour ne plus être assise à côté de moi et de mon feu!)  😉

Je suis remplie de gratitude pour cette expérience que la Vie a mis sur mon chemin cet été. Un grand merci au coach du U12 qui a recruté R et qui a su le garder motivé.

Fiston est maintenant inscrit au camp de sélection et si tout se passe comme on le souhaite, l’an prochain il fera partie de l’équipe compétitive. Hâte de voir les apprentissages que nous y feront, chacun dans notre rôle bien différent!

Je conclue avec une phrase de ma soeur de coeur, écrite lors d’une discussion au sujet de nos façons bien différentes d’être soccer-mom et de comment on s’aimait inconditionnellement à travers tout ça et qu’on y voyait tout le potentiel de cheminement qui s’y trouvait:

Toutes nos projections, toutes les parties exilées de nous-mêmes, tous nos espoirs et nos rêves sont distillés lorsque nous envoyons nos enfants sur un terrain de sport.

Quelle chance de vivre ces expériences en toute conscience et quel bonheur d’être si bien entourée. Merci S pour notre amitié qui nourrit et soutien nos âmes!

S’aimer c’est choisir de cheminer. S’aimer c’est aussi aimer l’autre, dans tout ce qu’il ou elle est. Car se faisant, c’est nous-même que nous apprenons à aimer dans tous nos aspects. Même les moins beaux…

Bonne semaine!

Mariepierre

 

 

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